Lors du discours de Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'Economie et des finances, prononcé par Leila Benali, ministre de la Transition énergétique, lors de la quatrième édition du Choiseul Africa Business Forum ce vendredi 17 novembre, elle souligne les principaux défis du continent africain pour renforcer sa souveraineté économique.
Empêchée d'être présente à l'évènement à cause des discussions du PLF 2024 au Parlement, le mot d'ouverture de Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'Economie et des finances, a été prononcé par sa collègue Leila Benali, ministre de la Transition énergétique.
"Notre continent continue de faire face à des défis structurels à différents niveaux, principalement liés à la capacité de production, des ressources humaines et d’action-financement, de déficit en infrastructure et en termes de finance publique et d’endettement", a déclaré la ministre avant de souligner la dépendance des pays africains, des pays étrangers et des marchés mondiaux.
"La situation s’est amplifiée ces dernières années par la succession de crises sanitaire et économique ainsi que les multiples tensions géopolitiques. Ce qui a considérablement troublé l'économie de nos pays et déclenché de nouveau débats sur la souveraineté du continent, qu’elle soit énergétique, alimentaire, sanitaire, industrielle ou numérique" poursuit-elle.
Selon la même source, les principaux axes à suivre pour renforcer cette souveraineté au niveau du continent africain sont les suivants : l'exploitation optimale des ressources des pays, l'approfondissement des chaines de valeurs régionales et sectorielles, la levée des contrainte à l'investissement au niveau national et à l'étranger et la consolidation de l'ouverture commerciale principalement à travers l'accélération de l'entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), le développement des infrastructures et les réseaux logistiques de connectivité nationale, régionale et intercontinentale et enfin, la coordination des actions en vue de la mise en place de politiques pour l'émergence de champions nationaux et régionaux et le développement de partenariats public-privé au niveau national et régional.
Elle a par ailleurs souligné que "le Maroc n’échappe pas à cette conjoncture" avant de souligne les différentes réformes et plans économiques qui ont été mis en œuvre pour objectif de "jeter les bases d’une économie moderne et ouverte capable de subvenir à des besoins internes croissants".
Voici l'intégralité de son discours :
"Comme vous le savez, notre continent continue de souffrir et de faire face, depuis des décennies, à des défis structurels à différents niveaux, principalement en matière de capacités de production, de ressources humaines, d’accès au financement, de déficits en infrastructures et en termes de finances publiques et d’endettement.
"Bien que le continent regorge de ressources et de capacités indéniables, la croissance des économies africaines reste insuffisante avec une dépendance accrue vis-à-vis de l’étranger et des marchés mondiaux.
"Cette situation s’est amplifiée ces dernières années par la succession de crises sanitaires et économiques ainsi que par les multiples tensions géopolitiques, ce qui a considérablement troublé les économies de nos pays et a remis à l’actualité, de nouveau, le débat sur les questions de la souveraineté économique des pays.
"Qu’elle soit énergétique, alimentaire, sanitaire, industrielle ou numérique… la souveraineté économique dépasse désormais le cadre d’un simple slogan pour devenir un enjeu de développement majeur.
"A l’instar des autres pays du continent, le Maroc n’échappe pas à cette conjoncture et s’inscrit dans la mouvance engagée au niveau mondial pour renforcer sa souveraineté économique, initiée depuis des décennies.
"En effet, et depuis son indépendance, le Royaume a placé la question de la souveraineté économique au centre des politiques publiques menées dans notre pays. C’est à ce titre que plusieurs plans et programmes de développement économique ont été adoptés et mis en œuvre sur plusieurs décennies, avec comme objectif de jeter les bases d’une économie moderne et ouverte, capable de subvenir aux besoins d’une demande interne croissante et de plus en plus diversifiée en produits de base et produits manufacturiers.
"Les progrès réalisés par notre pays en matière de renforcement et de diversification des secteurs productifs se sont inscrits dans une nouvelle dynamique au cours des deux dernières décennies.
"En effet, et dans le cadre de la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste, plusieurs réformes et projets ont été lancés reflétant l’engagement du Maroc dans une trajectoire de modernisation et de transformation de son économie, qui a permis, non seulement de poursuivre les objectifs de souveraineté économique, mais également de développer de réelles capacités à l’export.
"Aussi, le Royaume a poursuivi ses efforts pour la modernisation de son secteur agricole et ses industries agro-alimentaires, contribuant ainsi à renforcer la souveraineté alimentaire du pays et son offre à l’export.
"Le pays s’est attelé, en outre, à développer des écosystèmes industriels solides autour des métiers mondiaux du Royaume considérés comme des secteurs d’activité vitaux pour l’économie marocaine. Les stratégies industrielles successives mises en œuvre ont permis de jeter les bases d'un Maroc industriel moderne, le positionnant comme une plateforme mondiale compétitive et révélant son potentiel, sa résilience et son agilité.
"La réduction de la dépendance énergétique et la sécurisation des approvisionnements du pays ont été également au centre des priorités des politiques publiques. A cet égard, les stratégies énergétiques adoptées ont permis le développement de nouvelles filières et des capacités considérables de production des énergies renouvelables notamment autour du solaire et de l’éolien.
"Dans le même sens, le nouveau modèle de développement, adopté en 2021 sous les Hautes orientations Royales, a placé la souveraineté économique du pays au cœur des politiques publiques.
"De même, et afin de consolider la sécurité stratégique du pays, Sa Majesté Le Roi, que Dieu L’assiste, a appelé, en octobre 2021, lors de son discours au Parlement « à la création d’un dispositif national intégré ayant pour objet la réserve stratégique de produits de première nécessité, notamment alimentaires, sanitaires et énergétiques et à la mise à jour continue des besoins nationaux en la matière ».
"Si le Maroc a pu réaliser des progrès indéniables en matière de souveraineté économique, le contexte de crises successives que nous vivons depuis quelques années, qui vient s’additionner aux contraintes structurelles de nos économies, confirme notre conviction que seule une réponse africaine globale et commune serait en mesure de nous permettre, nous les pays du continent, à relever les défis liés à la souveraineté économique de notre continent.
"A cet égard, permettez-moi de rappeler l’engagement du Maroc en faveur de la coopération Sud-Sud qui donne, sous les orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu L’Assiste, au développement des relations économiques avec les pays africains une priorité stratégique.
"Que ce soit dans le cadre des partenariats bilatéraux et multilatéraux du Royaume ou à travers les initiatives des opérateurs économiques privés, le Maroc a constamment fait preuve de sa détermination à œuvrer au renforcement de ses relations économiques avec les pays du continent et à contribuer aux efforts de leur développement économique, dans le cadre d’une approche gagnant-gagnant.
"Sans chercher l’exhaustivité, je voudrais mentionner, dans ce cadre, l’engagement des opérateurs du secteur financier marocain en Afrique, notamment, les banques qui apportent une contribution importante en matière de financement de l’économie et de renforcement des capacités de production dans plusieurs pays du Continent. Je cite, également, le cas du Groupe OCP qui joue désormais un rôle déterminant dans la sécurité alimentaire de toute l’Afrique, à travers ses investissements au Maroc et dans les autres pays, son offre de produits et son expertise.
"Le mégaprojet de gazoduc devant relier le Maroc et le Nigéria par la façade atlantique, dont la mise en œuvre a franchi des étapes importantes, devra, en particulier, sécuriser l’approvisionnement en énergie d’une quinzaine de pays de l’Afrique de l’Ouest, et ainsi contribuer au décollage et l’intégration économique de l’ensemble de la région.
"En fin, l’initiative Afrique Atlantique portée par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI que Dieu L’Assiste, constitue un autre espace qui devra servir la promotion de la coopération économique et le développement de la façade atlantique. Je voudrais rappeler ici que dans son discours à la Nation du 6 novembre courant, à l’occasion du 48ème anniversaire de la Marche verte, le Souverain a fait part de son souhait «que la façade atlantique devienne un haut lieu de communion humaine, un pôle d’intégration économique, un foyer de rayonnement continental et international ».
"La quête de la souveraineté économique en Afrique passe principalement par le renforcement de la capacité du continent à définir et à maitriser son propre destin économique. C’est une approche qui ne peut être que multidimensionnelle et intégrée, incluant les principaux secteurs économiques.
"Aussi, et pour conclure mes propos, je souhaiterais partager avec vous quelques points qui devront, à mon sens, constituer les principaux déterminants pour l’atteinte de notre ambition commune, légitime et réaliste, de souveraineté économique africaine :
- l’exploitation optimale des ressources, des moyens et des avantages comparatifs de chaque pays ou région et leur mise en commun, dans une approche globale, coordonnée et intégrée ;
- l'approfondissement des chaînes de valeurs régionales et sectorielles dans le sens de la complémentarité et l’incitation à la création de synergies entre les opérateurs économiques des pays africains, notamment, dans les secteurs considérés stratégiques pour la souveraineté économique du Continent ;
- la levée des contraintes à l’investissement étranger et la consolidation de l’ouverture commerciale au niveau du continent principalement à travers l’accélération de l’entrée en vigueur de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (Zlecaf) ;
- la poursuite des efforts pour le développement des infrastructures et des réseaux logistiques et de connectivité, aussi bien au niveau national que régional et continental ;
- la coordination des actions en vue de la mise en place de politiques et d’incitations pour l’émergence de champions régionaux et le développement de partenariats public-privé, au niveau national et régional, au profit des objectifs de la souveraineté économique de l’Afrique ;"
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