CDM dévoile ses résultats annuels, les synergies avec Holmarcom passées sous silence

| Le 9/3/2023 à 15:26
Le groupe Crédit du Maroc, qui a affiché des indicateurs en bonne forme en 2022, s’attend à une croissance du résultat et du PNB cette année. Malgré le changement d’actionnariat majoritaire, peu de détails ont filtré quant à l’évolution de la conduite stratégique de la banque.

Le 9 mars, le groupe Crédit du Maroc (CDM) a présenté ses résultats annuels 2022, lors de sa première conférence de presse depuis la prise de participation majoritaire du groupe Holmarcom, dirigé par Mohamed Hassan Bensalah.

Le nouveau management de CDM, notamment à travers le président du directoire, Ali Benkirane, a également fait quelques annonces discrètes concernant les changements à venir dans l’organisation de la banque.

Une dynamique commerciale solide en 2022

CDM a affiché des indicateurs en bonne forme en 2022, avec une amélioration de la distribution des crédits. L’encours atteint 48,5 MMDH, en hausse de 5,2% par rapport à 2021. Les crédits aux particuliers s’apprécient de 1,8% à 19,6 MMDH, en lien avec la bonne tenue des crédits à l’habitat qui évoluent de 2,7%. Les crédits à la consommation se replient, quant à eux, de 2,1%.

Sur le marché des entreprises, les crédits à court terme et les crédits à l’équipement affichent des croissances respectives de 17% et 19,9%. Pour sa part, le crédit-bail clôture l’année 2022 sur une baisse de 3,8%. Les ressources à vue progressent de 2,9% à 34,1 MMDH.

Le PNB consolidé du groupe progresse de 4,4%, porté par la bonne performance de l’ensemble des lignes métier. La marge nette d’intérêt s’élève à 1.996,4 MDH, en croissance annuelle de 2,1%, et la marge sur commissions s’élève à 403,2 MDH, en hausse de 2,5% grâce à la progression du taux d’équipement produit et à la bonne tenue des activités de commerce international et de cash-management.

Le coût du risque consolidé augmente fortement à 310 MDH contre 64 MDH en 2021. Une hausse que le groupe explique par "un effet de base lié à la constatation d’une reprise exceptionnelle de 176 MDH au niveau du coût du risque de l’année 2021. Hors cet élément exceptionnel, le coût du risque ressort en hausse de 29,4%".

En 2022, CDM affiche un RNPG en baisse de 35,6% par rapport à l’année 2021 à 404 MDH. Une chute qui s’explique principalement par des charges non récurrentes constatées en 2022, et par l’effet de base d’une reprise exceptionnelle en 2021. Un dividende de 27 dirhams par action sera proposé au titre de l’exercice 2022, contre 25,9 dirhams par action l’année précédente.

Le président du directoire, Ali Benkirane a également présenté quelques aspects de l’évolution de l’organisation à la suite du changement d’actionnaire majoritaire. Concernant les synergies qui s’opéreront après le rapprochement capitalistique du groupe Holmarcom et CDM, la communication reste timide.

Une synergie à venir, sans détails conséquents

Naturellement, le rapprochement des deux groupes a fait couler beaucoup d’encre, laissant présager des dynamiques futures, notamment dans le secteur de la bancassurance. Mais la conférence de presse a dévoilé assez peu d’éléments concrets sur les synergies à venir. Ali Benkirane a d’ailleurs rappelé que dans le cadre de l’activité de bancassurance, CDM détient un partenariat avec l’assureur Sanlam Maroc. "Concernant ce sujet, nous avons un partenariat avec Sanlam Maroc. Il est toujours en cours et n’est pas remis en question. Nous continuerons à travailler avec Sanlam Maroc pour le faire progresser dans l’intérêt des deux institutions", a indiqué le président du directoire.

Pour en savoir plus, il faudra patienter et attendre la prise en main de la banque par le management. "Ce que je peux vous dire, c’est que l’on va aller chercher l’ensemble des opportunités de synergies pour créer de la valeur pour le groupe. Le sujet est en cours, nous pourrons donner plus de détails par la suite", a confié le président du directoire.

Concernant l’organisation du directoire de CDM, les activités retail et corporate seront séparées, mais rapprochées au niveau du réseau. "Nous considérons que par rapport aux enjeux et ambitions que nous avons, l’organisation du directoire devrait permettre aux membres de se consacrer pleinement au développement du marché retail et au marché corporate. L’organisation mise en place est une organisation par marché (retail, corporate, institutionnel) et par ligne métier (habitat, investissement, etc.). D’où la nomination des directeurs réseaux qui auront une couverture régionale, ce qui nous permettra d’avoir une meilleure synergie entre les deux marchés", a précisé Ali Benkirane.

Outre les sujets de réorganisation du groupe, il a également été question d’aborder les perspectives marché, dans un contexte économique encore chahuté par une inflation persistante et une hausse du taux directeur.

De bonnes perspectives en 2023 qui découlent des plans d’investissement nationaux

Cette année, malgré un contexte économique global assez morose, tant dans les économies émergentes qu’avancées, le président du directoire de CDM reste confiant. Il souligne notamment les perspectives favorables offertes par le Nouveau Modèle de développement, la Charte de l’investissement et le Fonds Mohammed VI pour l’investissement. "Pour nous, secteur bancaire, il s’agit d’une opportunité importante pour accompagner les différents acteurs économiques du pays."

Sur le plan opérationnel, le groupe compte accroître ses parts de marché sur le secteur habitat et consommation. "Nous souhaitons accélérer notre développement sur le marché corporate avec les crédits d’équipement et d’investissement. Tout un plan stratégie est en cours d’élaboration, nous comptons le présenter à notre conseil de surveillance au cours des mois prochains", a fait savoir Ali Benkirane.

Il a aussi été question de l’impact de la hausse du taux directeur, destinée à freiner l’inflation en baissant les octrois de crédits bancaires. "Nous suivons cette évolution de manière prudente. Les banques ont pris plusieurs mois avant de répercuter de façon partielle cette hausse du taux directeur sur les taux débiteurs. Nous constatons des répercussions, dépendant des produits, entre la moitié et 70% de cette hausse", a-t-il commenté.

Cette hausse du taux directeur, à terme, pourrait entraîner un impact au niveau de la banque concernant la marge d’intérêt et le résultat sur opérations de marché. Encore une fois, peu de détails sont fournis. "La hausse du taux de 100 pbs a été maîtrisée par une gestion prudente de la liquidité et la désensibilisation du portefeuille. Cette gestion nous positionne de façon confortable face à la hausse des taux. Nous suivrons ce qu’il se passe sur le marché de façon prudente et en veillant à optimiser nos coûts de refinancement", a précisé Ikram Erryahi, directrice générale adjointe de CDM.

Interrogé sur la politique de distribution des dividendes à la suite du changement d’actionnariat, Ali Benkirane est resté évasif quant à son évolution. "Il y a eu un changement de management, d’actionnaires… Naturellement les choses vont évoluer, même si on ne peut pas dire comment", a-t-il expliqué avant de poursuivre sur les prévisions du groupe.

Concernant les évolutions attendues en 2023 au niveau du PNB et de RNPG, "nous tablons sur des évolutions significatives par rapport à ce qui a été constaté les années précédente", a conclu le président du directoire.

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