Une table ronde de Médias24 : quel avenir pour l’animation touristique à Agadir ?

Présenté comme le parent pauvre de l’offre touristique de la région Souss-Massa, le volet animation manque cruellement de moyens et fait face à des obstacles de taille : la rareté des sources de financement, la saturation du foncier et la prédominance du balnéaire dans l’offre touristique de la région.

Une table ronde de Médias24 : quel avenir pour l’animation touristique à Agadir ?

Le 13 mai 2024 à 17h51

Modifié 13 mai 2024 à 18h55

Présenté comme le parent pauvre de l’offre touristique de la région Souss-Massa, le volet animation manque cruellement de moyens et fait face à des obstacles de taille : la rareté des sources de financement, la saturation du foncier et la prédominance du balnéaire dans l’offre touristique de la région.

Pour en parler, Médias24 a reçu sur son plateau trois acteurs importants de l’animation touristique gadirie, à l’occasion de sa première escale dans le cadre du Tour des régions, à savoir : Najia Ounasser, directrice générale du CRT Agadir-Souss Massa, Abdelkrim Azenfar, directeur général de la SDR Tourisme, et Abdelaziz Houays, président-directeur général de Dania Land.

 Une offre d’animation embryonnaire

La nécessité de diversifier l'offre d'animation se justifie par un indicateur qui a son importance. “La durée moyenne de séjour des visiteurs s’est rétrécie”, souligne Abdelkrim Azenfar qui estime dès lors qu’il faudrait “offrir aux touristes d’autres attractions, d’autres expériences à part le soleil et la mer ; un segment sur lequel la région Souss-Massa est très concurrencé”.

La diversification de cette offre, recentrée actuellement sur balnéaire, serait profitable également à l’arrière-pays. Des villes comme Tata ou Taroudant pourraient en bénéficier à travers l’offre du tourisme culturel, la promotion du patrimoine, etc. “C’est une région qui regorge de richesses” commente le DG de la SDR.

Najia Ounasser confirme le constat : “Il y a actuellement un grand manque dans l’offre d’animation touristique, et c’est la raison pour laquelle la SDR TPME a été créée. Son but est de ramener des projets spécifiques dans l’animation, dont l’ouverture prochaine d’un grand parc d'attractions”.

Le parc en question est rattaché au projet de téléphérique lancé par Abdelaziz Houays. Un investissement de taille financé principalement par fonds propres et par crédit fournisseur. “Le téléphérique n’est qu’une phase du grand projet de parc d'attractions. Aujourd’hui, nous faisons la liaison entre la ville nouvelle d’Agadir et la Kasbah d’Agadir-Oufella. La deuxième ligne du téléphérique ne sera ouverte qu’après réalisation de 50% à 60% du parc d'attractions, et ce, afin de faire tourner la ligne toute la journée. Une partie du parc sera ouverte au public cet été”, annonce l’investisseur.

Un foncier saturé ?

Ce projet faramineux prévoit, en plus du téléphérique et du parc d’attractions, la promotion de l'hôtellerie en plein air. Concrètement, “il s’agit d’un camping 5 étoiles qui sera équipé de mobile homes, de chalets, d’emplacements grand confort pour les camping-cars et les caravanes. Le projet sera également doté d’un aquaparc qui s’étalera sur 12 hectares et sera le plus grand en son genre en Afrique. Aujourd’hui, la première tranche a été réalisée sur une superficie de 5 hectares. Son ouverture, prévue cet été, sera une grande surprise pour la région”, promet Abdelaziz Houays.

Si le PDG de Dania Land a pu bénéficier d’un foncier conséquent pour la réalisation de son projet, notamment par le biais d’une évaluation en amont de la valeur du terrain, d’autres investisseurs peinent à trouver le foncier nécessaire à la réalisation de leurs projets d’animation touristique. “C’est vrai que l’assiette foncière dédiée au tourisme est saturée, surtout en ce qui concerne les grandes surfaces”, confie Najia Ounasser. Selon elle, “il faudrait se tourner vers l'hôtellerie de petite capacité, les maisons d’hôtes, parce que les petites parcelles sont disponibles, notamment à Founty et Sonaba où des terrains ont été achetés mais sont restés en l'état. Il faudrait peut-être penser à contraindre les propriétaires à réaliser leurs établissements”.

Un discours auquel n'adhère pas Abdelaziz Houays visiblement. Ce dernier, qui a dû sillonner le monde pour benchmarker et tirer des conclusions sur les bonnes pratiques en matière d'animation, dresse un comparatif entre la région Souss-Massa et l'expérience canarienne. “Je ne suis pas tout à fait d’accord quand on dit que le foncier à Agadir est saturé. Il suffit de comparer la région avec les îles Canaries. Ici, nous avons des terrains immenses qu’il faut exploiter ; rien que sur la route de l’aéroport, nous avons des centaines, voire des milliers d’hectares qu’il faudrait débloquer pour créer des zones d’hôtellerie de plein air, des parcs d’attractions, etc. Les îles Canaries n’ont pas de grands terrains, mais disposent de parcs d’attractions immenses, tels que Loro Parque qui accueille 1,5 million de visiteurs par an, et d’autres construits sur de grandes superficies sur les îles de Tenerife et Las Palmas”, observe Abdelaziz Houays.

Un soutien public pour développer le secteur

Pour autant, des efforts sont déployés pour aménager des sites pouvant accueillir des investisseurs privés du secteur touristique. “Nous travaillons actuellement sur l’aménagement de certaines zones touristiques, notamment un des spot de surf emblématiques de Taghazout, l'Aqua Point. Les 30 hectares prévus seront consacrés à la conception d’un projet touristique adapté, qui diffère de l’offre habituelle des hôtels 5 étoiles” révèle Abdelkrim Azenfar. “Actuellement, nous sommes en phase finale d'aménagement. Le site abritera une dizaine de projets à travers le CRI qui a ouvert un appel à manifestation d’intérêt. Il y a beaucoup d’investisseurs et beaucoup d’engouement autour de ce projet”.

La création de nouveaux sites devra toutefois s’accompagner d’un soutien aux établissements hôteliers en cessation d’activité. Sur les 20 hôtels fermés, 2 ont réussi à trouver de nouveaux acquéreurs, et rouvriront leurs portes bientôt. 18 autres, représentant une superficie de 6 hectares sur front de mer, attendent toujours d’être débloqués. “Cette situation entrave le développement touristique de la région”, estime la directrice générale du CRT d’Agadir. Selon cette dernière, “il y a également des hôtels vétustes et vieillissants. Mais il y a des solutions en partenariat avec la SDR pour la rénovation de ces établissements. Pour les hôtels fermés, nous sommes force de proposition, mais nous n’avons pas les prérogatives pour agir. Par contre, les autorités ou le ministère peuvent actionner des choses pour trouver la solution. En tout cas, pour les hôtels fermés, il faudrait résoudre le problème au cas par cas”.

Pour ce qui est des établissements vétustes, Abdelkrim Azenfar précise que “le ministère, la région et la commune ont débloqué 120 millions de DH pour appuyer les hôteliers à la rénovation, avec une subvention de 30% plafonnée à 10 millions de DH”.

Espoirs et défis

Une chose est sûre. Qu’il s’agisse des acteurs économiques ou des pouvoirs publics, tous partagent un optimisme certain pour le devenir de la région. “Ce qui explique l’engouement, c’est le renouveau de la région. À travers l’adoption du plan de développement urbain et la visite royale qui a positionné notre destination comme étant un pôle économique. Il y a une cohésion entre les différents écosystèmes. On travaille ensemble”, souligne non sans enthousiasme Najia Ounasser.

Tel est le cas du projet de téléphérique qui a bénéficié de la rénovation de la Kasbah d’Agadir-Oufella par la SDR Tourisme, ce qui a permis au prestataire d’assurer le transport de près de 550.000 visiteurs en un an.

Cela étant, si la collaboration entre les secteurs privé et public promet de créer des effets de synergie bénéfiques à toute la région, le secteur bancaire botte en touche, notamment en ce qui concerne l’offre d’animation. “Les banques ne suivent pas généralement les projets d’animation touristique. C’est cela qui freine beaucoup de projets d’animation et d’attractions, car ces projets-là, les banques ne connaissent pas !”, s’indigne Abdelaziz Houays.

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