Les nouveaux chantiers structurants ont besoin d'une main-d’œuvre qualifiée peu disponible

Ls secteurs de la construction immobilière et l’équipement connaîtront un essor du fait des projets structurants engagés ou futurs, aujourd’hui accélérées par le Mondial 2030. Le Maroc en dispose-t-il d’assez de main-d’œuvre pour répondre à la demande future? Tour d'horizon.

Les nouveaux chantiers structurants ont besoin d'une main-d’œuvre qualifiée peu disponible

Le 24 mai 2024 à 13h45

Modifié 24 mai 2024 à 13h45

Ls secteurs de la construction immobilière et l’équipement connaîtront un essor du fait des projets structurants engagés ou futurs, aujourd’hui accélérées par le Mondial 2030. Le Maroc en dispose-t-il d’assez de main-d’œuvre pour répondre à la demande future? Tour d'horizon.

LGV, extension d’aéroports, projets routiers, stades... Les projets structurants récemment engagés au Maroc sont loin de se compter sur le bout des doigts, ceci sans compter l’immobilier.

Un chemin accéléré par la grand-messe footballistique que le Royaume accueillera conjointement avec ses voisins ibériques, l’Espagne et le Portugal, en 2030.

Le Maroc dispose-t-il de suffisamment de main-d’œuvre BTP apte à faire sortir de terre la panoplie de projets structurants attendus ? C’est la question que nous avons posée à trois opérateurs du BTP, de l’immobilier et de l’intérimaire.

L’offre de main-d’œuvre suffit pour l’instant

"Théoriquement, il ne peut pas y avoir de pénurie de main-d’œuvre dans ce domaine. L’offre est disponible, d’autant que celle-ci est généralement issue du monde rural, surtout pour la production de logements. Les travailleurs ruraux se tournent vers les chantiers lorsqu’ils ne trouvent pas de travail dans le rural. Pendant une grande partie de l’année, ils boulonnent dans le BTP et switchent vers l’agriculture pendant le reste", affirme à Médias24 un important promoteur immobilier à Casablanca.

"Au Maroc, 2023- 2024 est une saison de sécheresse. Il y a donc beaucoup de chômage dans le monde rural, ce qui ne peut que nous conforter dans l’idée qu’une main-d’œuvre rurale est disponible. Car lorsqu’il y a des chantiers, cette population saisit l’occasion de travailler".

Le démarrage effectif de tous les chantiers pourrait néanmoins provoquer une tension sur la disponibilité des ouvriers du BTP, souligne notre source.

"Manquer de main-d’œuvre signifierait qu’il y a trop de chantiers, ce qui n’est pas le cas. Mais en effet, lorsque le secteur du BTP connaîtra une importante activité, cela va générer une tension sur la main-d’œuvre et sa disponibilité. Ceci dit, pour le moment, peu de chantiers consomment un grand nombre de travailleurs".

"Les chantiers liés au logement social n’ont pas encore été ouverts. Idem pour le recasement des habitants des bidonvilles à Casablanca, qui n’a toujours pas démarré. Nous sommes aujourd’hui sur la perspective du Mondial 2030 ; l’ouverture des chantiers n’a donc pas encore pris effet. Et pour cause, ils ne démarreront que dans les deux prochaines années".

Ce promoteur immobilier de conclure : ""La main-d’œuvre suit le boulot. Elle se concentre là où il y a du travail. Comme c’est Casablanca qui tire souvent le reste du Maroc, le gros de la main-d’œuvre demandée émane de la région de Casablanca-Settat. Maintenant, s’il va y avoir tous les projets dont on parle (barrages, stades, infrastructures, etc.), la main-d’œuvre se déplacera puisque ces projets sont répartis sur tout le Maroc".

Une pénurie de main-d’œuvre qualifiée 

Mohamed Mahboub, président de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), estime de son côté qu’il y a plutôt "une pénurie de main-d’œuvre qualifiée". "Aujourd’hui, on réclame de plus en plus des travailleurs du BTP spécialisés car certains travaux impliquent de savoir manier des machines. Il faut donc des personnes formées pour utiliser ces appareils et assurer la qualité demandée. C’est là que notre fédération intervient avec les pouvoirs publics afin de prévoir des formations qualifiantes pour ce type de personnel".

Thierry Klopp, directeur général du grand opérateur du secteur de l’intérimaire au Maroc, ManpowerGroup Maroc, confirme : "Dans le BTP, d’une manière générale, vous avez  toute une hiérarchisation si vous voulez des salaires en fonction des compétences et de la nature du travail qui est attribué, et surtout des moyens à utiliser pour effectuer ce travail".

"Le BTP représente un challenge pour nous, opérateurs de l’intérimaire, car ce secteur est générateur d’accidents du travail. Chez Manpower Maroc, nous travaillons avec trois, quatre sociétés de terrassement. Si nous n’avons pas vraiment eu de difficultés à trouver du personnel pour le compte de nos clients, nous constatons néanmoins une pénurie dans certaines qualifications. Si vous regardez bien aujourd’hui, sur la zone de Casablanca le nombre de travaux qu’il y a... On ne pensait même pas qu’il y avait autant de matériel (pailleuses, grues...). Mais à un moment donné, si vous avez un chantier à Fès par exemple, les salariés ou intérimaires qui ont la licence pour utiliser ces machines ne se comptent pas par milliers ni par centaines. S’ils sont occupés ou partis sur un chantier d’autoroute à 100 kilomètres, voilà donc quelque chose qui entre aussi en considération", note Thierry Klopp.

"Avec la Coupe du monde 2030 et l’ensemble des constructions qu’elle engendra, il va falloir former du monde et ramener du matériel. Mais aussi multiplier, j’imagine, la main-d’œuvre", suggère le directeur général de ManpowerGroup Maroc.

70% des ouvriers BTP ne sont pas qualifiés 

"Nous ne disposons pas aujourd’hui de statistiques détaillées sur la main-d’œuvre BTP au Maroc faute d’études et de moyens. On sait néanmoins que le secteur en lui-même représente pratiquement plus d’un million d’emplois, tout compris. Vous avez bien sûr une multitude d’emplois, notamment les cadres et les médecins, puis la main-d’œuvre dont 70% demeure non qualifiée", reprend Mohamed Mahboub.

"La véritable problématique qui se pose pour le BTP, c’est l’accompagnement du salarié ou de l’intérimaire sur le lieu de travail, c’est-à-dire sur les chantiers. Il faut mettre en place des moyens de locomotion. Vous avez des chantiers qui peuvent être très excentrés par rapport au lieu d’habitation des ouvriers. Il n’y a pas non plus de prise en charge du déplacement à la hauteur des coûts du transport ou de l’hébergement lorsque l’ouvrier est trop éloigné de son domicile", insiste pour sa part Thierry Klopp.

"Il faut donc que le management et l’encadrement intermédiaire mené par les chefs d’équipe, les superviseurs, les chefs de chantier et les contre-maîtres soit présent pour accompagner la formation de l’ensemble de ces travailleurs", conclut-il.

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