African Lion 2024 : une édition charnière pour les Forces armées royales

L'exercice combiné maroco-américain "African Lion 2024" a pris fin le vendredi 31 mai. Retour sur les particularités de cette édition riche en nouveautés.

African Lion 2024 : une édition charnière pour les Forces armées royales

Le 5 juin 2024 à 17h04

Modifié 5 juin 2024 à 18h30

L'exercice combiné maroco-américain "African Lion 2024" a pris fin le vendredi 31 mai. Retour sur les particularités de cette édition riche en nouveautés.

Lancé en 2004 comme un petit exercice entre le Maroc et les Etats-Unis, l'African Lion est désormais la plus grande manœuvre du continent africain.

Au lieu des démonstrations de force et des shows de tirs, l'édition 2024 a mis l'accent sur la planification opérationnelle, notamment la coordination logistique, considérée comme un élément essentiel du succès de ce type de manœuvres multinationales.

Le programme des manoeuvres "African Lion 2024" comprenait principalement des exercices tactiques conjoints terrestres, maritimes et aériens, de jour et de nuit, un exercice des forces spéciales et des opérations pour les forces aéroportées, ainsi qu’un exercice de planification opérationnelle de la "Task Force", lors desquels les éléments des FAR ont démontré leur dextérité et leur préparation face à toute menace ou intention belliqueuse susceptible de menacer le Royaume.

L'expert militaire Abdelhamid Harifi a confié à Médias24 ses conclusions sur le déroulement de l'African Lion 2024.

Une participation faible des US pour l’édition 2024

"Nous avons remarqué que la participation des Américains sur le terrain a été très faible. Bien que quelques unités ont manœuvré sur le Cap Draa, il s'agissait vraiment de petites unités motorisées. Le B-52 et le P-8 Poseidon ont participé, mais principalement pour le spectacle. Il n'y avait pas de F-16 ni de blindés américains sur le terrain, et les lance-roquettes multiples HIMARS n'ont ont été mis à contribution que lors de la dernière journée", a-t-il observé.

Notre interlocuteur a également noté que la participation paramilitaire américaine a été brève et à une échelle très réduite. "Cela peut traduire un certain stress au sein des unités américaines mobilisées dans la région, en raison de la hausse des tensions sur les fronts ukrainien et moyen-oriental, entre autres. Cela explique la faible participation américaine, sans que cela signifie une réduction de leur engagement dans ces exercices ni une diminution de leur volonté d'améliorer leur niveau, comme stipulé dans les accords entre l'Africom et les pays participants".

L’élargissement des manœuvres vers d’autres pays

Des exercices de grande envergure de l'African Lion ont eu lieu en Tunisie avec la participation des bérets verts américains, des tirs d'artillerie et de HIMARS. Des forces spéciales américaines ont également participé à des exercices importants au Sénégal et au Ghana. "Cette implication en Afrique montre que les Américains mettent en œuvre les recommandations du Congrès américain formulées en 2021-2022 pour que les manœuvres African Lion ne soient pas uniquement des exercices bilatéraux maroco-américains, mais bénéficient également aux pays africains pour un partage d'expériences et d'expertises. Cela ne dérange pas le Maroc, au contraire ; cela positionne le pays comme un acteur clé de la stabilité et de la sécurité régionale", a affirmé notre expert militaire

Les principaux acteurs des manœuvres African Lion "restent tout de même le Maroc et les États-Unis, avec le territoire national comme lieu des exercices".

Analyse des manœuvres sur le territoire marocain

En ce qui concerne la partie de l'African Lion organisée au Maroc, "le faible engagement américain sur le terrain a permis aux FAR d'utiliser de manière très autonome et propre les futures armes qui seront bientôt disponibles, en combinaison avec le dispositif marocain. Les exercices furent une occasion de simuler une version miniaturisée de la stratégie défensive des FAR", a-t-il expliqué.

Des unités terrestres composées d'infanterie motorisée et mécanisée, de blindés Abrams, soutenues par l'artillerie royale, des unités navales, et surtout l'aviation F-16, avec le soutien-feu des hélicoptères Apache ont été observées. "Nos mécaniciens et pilotes ont joué un rôle crucial dans l'utilisation des Apache, en préparation de leur entrée imminente dans l'arsenal des FAR", a fait observer l'expert militaire.

La dernière journée a connu la participation des lance-roquettes multiples HIMARS, qui rejoindront bientôt les rangs des FAR pour compléter leur dispositif de défense", a ajouté Abdelhamid Harifi.

Des équipements individuels fournis par la société indienne MKU, notamment pour les forces spéciales, ont été utilisés. "Nous avons vu l'introduction de nouveaux casques, gilets pare-balles, gilets tactiques et armes individuelles. Ces équipements présentent un camouflage conforme à celui des treillis des Forces armées royales (FAR), ce qui témoigne du renforcement de la relation de coopération militaire entre le Maroc et l'Inde", a-t-il précisé.


"Les manœuvres de cette année ont également inclus l'utilisation de drones terrestres pour faire face à de nouvelles menaces, notamment les tunnels. Le Maroc a dû faire face à ce type de menace pendant la guerre contre le polisario dans les années 1980. Nos unités déployées au sud pourraient également être confrontées à ce genre de situations. Ce type d'exercices illustre la proactivité des décideurs militaires marocains".

Abdelhamid Harifi n'a pas omis de noter l'amélioration significative de la communication des FAR dans la couverture de cet événement, notamment à travers des photos et vidéos publiées sur leurs réseaux sociaux.

"Bien que l'exercice African Lion ait été de petite envergure cette année, c'est habituel car c'est la coutume : les décideurs militaires alternent entre une année timide et une autre bien garnie. Je pense que l'année prochaine sera plus importante, avec l'introduction de nouvelles armes dans les rangs des FAR", a-t-il conclu.

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