France. Le vrai débarquement

Élections européennes, victoire de l'extrême droite et dissolution de l'Assemblée nationale en France. Une succession d'évènements qui provoque un séisme politique en France.

France. Le vrai débarquement

Le 10 juin 2024 à 17h19

Modifié le 10 juin 2024 à 17h20

Élections européennes, victoire de l'extrême droite et dissolution de l'Assemblée nationale en France. Une succession d'évènements qui provoque un séisme politique en France.

"J’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote", fut la phrase qui bouscula la vie politique hier en France après les résultats des élections européennes. Avec 31% des suffrages, le Rassemblement national (RN) d’extrême droite est devenue la première force du pays, obtenant plus que le double du parti présidentiel Renaissance, qui n’a obtenu que 14,6%.

PAR AHMED FAOUZI

Ancien ambassadeur, chercheur en relations internationales

Face à cette déroute, Macron n’avait d’autre choix que d’appeler à de nouvelles élections. Avec cette option, il risque fort de gouverner avec une nouvelle majorité d’extrême droite, ce qui constitue un pari extrêmement hasardeux.

Les Français vivent depuis longtemps, et particulièrement depuis l’avènement de l’ère Macron, une dégradation rampante de leurs conditions économiques et sociales. Les débats houleux au sein de l’Assemblée nationale sur toutes les questions, nationales comme internationales, donnent l’impression que la classe politique française ne s’entend plus sur rien. Sous l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne, le gouvernement se réfugiait souvent derrière l’article 49.3 pour faire passer ses lois au forceps et éloigner le spectre de la dissolution.

Depuis la constitution de son parti sous le nom En Marche, en 2016, pour accéder au pouvoir, Macron a débauché ses partisans aussi bien chez la gauche que la droite pour gouverner. Pour son deuxième mandat, son parti prendra le nouveau nom de Renaissance en vue des élections de 2022. Les élections législatives de la même année ne lui donnaient pas une majorité confortable, mais plutôt une majorité relative de 254 sièges sur les 577. Cette faiblesse se faisait sentir à chaque débat sur les questions domestiques, comme la refonte des retraites, ou sur des questions internationales comme la guerre en Palestine.

Ce n’est pas la première fois qu’un président français a recours à la dissolution de l’Assemblée nationale et s'adresse au peuple pour le consulter et obtenir une nouvelle majorité lui permettant de gouverner. En octobre 1962, Charles de Gaulle l'avait dissoute après l’adoption d’une motion de censure à l’initiative des socialistes qui cherchaient à contrer une révision constitutionnelle visant à instaurer l’élection du président de la République au suffrage direct.

De ce premier exercice de la Ve République, De Gaulle renforcera ses pouvoirs après l’obtention d’une majorité confortable lors des élections de novembre 1962. Il tentera le même procédé en octobre 1968, après la révolte des étudiants en mai, et la crise que celle-ci a suscitée au sein de la société française. Une fois encore cette décision lui porta chance puisque les élections se soldèrent par un raz-de-marée au profit des gaullistes.

Les présidents François Mitterrand et Jacques Chirac avaient eux aussi procédé à la dissolution de l’Assemblée nationale pour reconfigurer la majorité, à leur profit comme à leurs dépens. Cela avait abouti à des cohabitations difficiles et à des luttes fratricides à l'instar du binôme Mitterrand-Chirac. Ce genre de scénario risque de se reproduire en France avec, cette fois-ci, une extrême droite forte. L’objectif de cette dernière est simple : il se résume à détrôner Macron et son équipe Renaissance du pouvoir en 2027.

Dans les conditions si difficiles que traverse la France actuellement, la dissolution de l’Assemblée nationale par Macron ne peut être vue comme une pratique constitutionnelle anodine qui renforce la démocratie du pays. Elle est d’abord le reflet d’une crise politique profonde que vit la France avec la montée d’une droite extrême et nationaliste. Les Français décideront dans les jours qui viennent, en leur âme et conscience, quelle majorité ils comptent mettre à l’Assemblée pour épauler ou, au contraire, pour isoler encore plus la politique du président Macron.

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