JO de Paris 2024. Les chances marocaines de médailles passées en revue avec Hassan Fekkak

Plus d’une cinquantaine d’athlètes marocains s'envoleront vers Paris pour disputer les 33e Jeux olympiques d'été, organisés du vendredi 26 juillet au dimanche 11 août 2024. Quelles sont leurs chances de décrocher des podiums ? Comment se sont-ils préparés ? Réussiront-ils à s'accommoder de la pression inhérente aux Olympiades ? Médias24 fait le point avec Hassan Fekkak, directeur technique du Comité national olympique marocain.

Soufiane El Bakkali - athlète marocain.

JO de Paris 2024. Les chances marocaines de médailles passées en revue avec Hassan Fekkak

Le 1 juillet 2024 à 14h38

Modifié 1 juillet 2024 à 16h11

Plus d’une cinquantaine d’athlètes marocains s'envoleront vers Paris pour disputer les 33e Jeux olympiques d'été, organisés du vendredi 26 juillet au dimanche 11 août 2024. Quelles sont leurs chances de décrocher des podiums ? Comment se sont-ils préparés ? Réussiront-ils à s'accommoder de la pression inhérente aux Olympiades ? Médias24 fait le point avec Hassan Fekkak, directeur technique du Comité national olympique marocain.

À moins d’un mois des Jeux olympiques d’été 2024, prévus à Paris du 26 juillet au 11 août, les 55 athlètes marocains qualifiés sont dans les starting-blocks. Si aucun objectif chiffré n’a été avancé, l'ambition affichée est de récolter un maximum de médailles pour effacer le souvenir amer des Olympiades de Tokyo, où seul Soufiane El Bekkali avait réussi à tirer son épingle du jeu en remportant l’or au 3.000 mètres steeple.

Un succès qui, on l’espère, en appellera d'autres, d'autant que les chances de médailles n'ont jamais été aussi grandes. Outre le football et l'athlétisme, de grands espoirs sont placés, entre autres, en "Khadija El Mardi et Yasmine Mouttaki (boxe), Ramzi Boukhiam (surf), Mathis Soudi (kayak slalom) et Houssam El Kord (escrime)", affirme à Médias24 Hassan Fekkak, directeur technique national au sein du Comité national olympique marocain (CNOM).

Acteur clé dans la préparation de nos athlètes nationaux, en collaboration avec les fédérations sportives, le CNOM a mis au point une préparation sur mesure dès la fin des JO de Tokyo. Tous les aspects de la haute performance ont été pris en compte, avec un accompagnement médical, psychologique, nutritionnel. Un soutien financier a également été fourni grâce à un programme de bourses destiné aux athlètes, leur permettant de viser les sommets sous les feux de la ville lumière et conquérir le cœur des Marocains.

Médias24 : À quelques semaines du lancement des Jeux olympiques de Paris 2024, les sportifs marocains sont-ils fin prêts ?

Hassan Fekkak : Plusieurs athlètes qualifiés le sont. Preuve en est dans les épreuves internationales, ils se sont distingués en décrochant des podiums. C’est bon signe. D’autres sont actuellement à la fin de leur cycle de préparation pour être au pic de leur forme lors des Jeux olympiques.

Cela dit, la compétition sportive n’est pas une science exacte. On peut estimer qu’un athlète est totalement prêt, mais dès le premier tour, il peut trébucher, tomber ou commettre une erreur d’inattention, même s'il est au sommet de sa préparation.

Hassan Fekkak, directeur technique national du Comité national olympique marocain.

- Comment s’est déroulée cette préparation ?

- En septembre 2021, à la sortie des JO de Tokyo qui ont été perturbés par la situation sanitaire (Covid-19) et le confinement, nous avons entamé des réunions avec les fédérations sportives. Ces rencontres portaient sur le bilan des JO, mais aussi sur le projet sportif en vue de préparer les athlètes pour l’édition 2024.

Les fédérations nous ont présenté leur projet sportif avec la liste des athlètes concernés, l’encadrement technique, ainsi que le programme des stages et des compétitions. Ce sont les fédérations qui sont responsables de la sélection et de la préparation. Le Comité national olympique marocain a étudié l’ensemble des projets portés par les fédérations.

Il y a eu des concertations et des ajustements. Nous avons également proposé aux athlètes un accompagnement médical, psychologique, nutritionnel et podologique, soit tous les paramètres qui peuvent améliorer leurs performances. Le CNOM a financé ces programmes à hauteur d’environ 45 millions de dirhams.

Tous les quatre mois, nous organisions des rassemblements avec l’ensemble des athlètes bénéficiaires des bourses

- Quels étaient les critères de sélection pour bénéficier du programme de bourses destiné aux athlètes ?

- Nous avons mis en place un programme de bourses pour les sportifs identifiés comme ayant le potentiel nécessaire, sur recommandation des fédérations et de notre cellule de veille. Ceux éligibles à ces bourses, selon des critères transparents et clairs tels que leur classement mondial et continental, se sont vu proposer des montants variant entre 3.500 et 10.000 dirhams par mois.

Ces aides financières ont été directement versées sur leur compte bancaire à partir de septembre 2022. En contrepartie, ils devaient utiliser une application pour renseigner plusieurs informations telles que le nombre d’heures d'entraînement par semaine, les périodes de repos, les blessures et les traitements. La majorité d’entre eux ont joué le jeu.

De plus, tous les quatre mois, nous organisions des rassemblements avec l’ensemble des athlètes bénéficiaires des bourses afin de faire le point sur l'avancement de leur projet sportif et d'avoir une vue d’ensemble de leur préparation.

- Quelles sont les plus grandes chances de médailles marocaines aux JO, et quel est votre objectif chiffré ?

- Notre objectif est de décrocher un maximum de podiums et de médailles. Plusieurs athlètes ont le potentiel de monter sur le podium olympique, comme Soufiane El Bekkali (3.000 mètres steeple), Khadija El Mardi et Yasmine Mouttaki (boxe), Ramzi Boukhiam (surf), Mathis Soudi (kayak slalom) et Houssam El Kord (escrime).

D'autres athlètes ont également le potentiel, mais doivent croire davantage en leurs capacités pour créer la surprise le jour J. Enfin, il y a ceux qui se sont qualifiés pour les JO mais qui ne sont pas encore au niveau nécessaire pour viser une médaille olympique. Cependant, leur qualification est déjà une grande réussite.

- Pensez-vous que l’équipe nationale olympique a des chances d’atteindre le podium dans le tournoi de football ?

- En intégrant des joueurs de l’équipe nationale A, cette équipe possède le potentiel pour remporter une médaille olympique. D'autant plus qu'elle s’est qualifiée en remportant la CAN U23. Il est également important de souligner que, lors de la Coupe du monde 2022, le Maroc était dans un groupe très compétitif (Belgique, Croatie, Canada) et pourtant, il a atteint les demi-finales. L’équipe nationale olympique peut capitaliser sur cet élan d’enthousiasme généré par la performance de l’équipe A.

- Excepté le football masculin, les sports collectifs marocains sont les grands absents de ces JO...

- L'équipe marocaine de beach volley s'est également qualifiée, mais ce sont des doublettes. Pour les autres sports collectifs, comme le handball, le basketball et le volleyball, il reste encore beaucoup de travail à faire. Il est essentiel de consolider une domination sur le continent afin de s'affirmer et de progresser sur le plan mental et collectif au niveau mondial.

- Comment expliquer l'absence de représentation du tennis marocain, malgré de bons résultats sur le plan continental ?

- Le tennis est un cas particulier. Le Maroc domine la discipline en Afrique depuis cinq ans. Cependant, les jeunes talents marocains, une fois atteint l'âge de 17 ou 18 ans, partent souvent aux États-Unis après avoir obtenu leur baccalauréat. Les universités américaines attirent fortement les sportifs de haut niveau, notamment les joueurs de tennis, en leur offrant des bourses d'études et des opportunités sportives. Ces jeunes signent alors des contrats avec les universités et perdent souvent la possibilité de représenter le Maroc.

Actuellement, la Fédération royale marocaine de tennis travaille en collaboration avec les universités américaines pour établir des partenariats qui permettraient à ces jeunes de continuer à jouer sous les couleurs du Maroc tout en poursuivant leurs études aux États-Unis.

Le départ des jeunes talents vers les États-Unis s'explique non seulement par la garantie d'un avenir professionnel, mais aussi par l'absence d'un aménagement universitaire adapté pour les sportifs de haut niveau au Maroc. Ce problème n'est pas spécifique au tennis, mais concerne d'autres disciplines également.

Ces jeunes talents signent des contrats avec les universités américaines et perdent souvent la possibilité de représenter le Maroc

- Qu’entendez-vous par là ?

- Certains judokas marocains âgés de 17 et 18 ans dominent leurs catégories au niveau continental et s’imposent même à l’échelle mondiale. Cependant, une fois à l’université, ils doivent faire un choix difficile entre les études et le sport. Un sportif de haut niveau ne peut pas jongler avec huit heures d’études et six heures d'entraînement par jour. C’est tout simplement impossible. Prenons l'exemple de Khaoula Ouhmad, vice-championne du monde de karaté à seulement 20 ans.

À son retour au Maroc, le directeur de l’institut où elle étudiait l’a exclue, arguant qu’elle s’était absentée plus de dix jours. Pourtant, elle avait prévenu l’établissement et fourni les justificatifs nécessaires. Seule l’intervention du ministère de tutelle lui a permis de reprendre ses cours. En outre, de nombreux parents, une fois que leurs enfants ont obtenu leur baccalauréat, les encouragent à se concentrer exclusivement sur leurs études.

Malheureusement, cela a conduit à la perte de plusieurs athlètes de haut niveau, parfois des champions du monde ou olympiques potentiels dans divers sports. Il est crucial de trouver une solution pérenne à cette problématique. Elle est entre les mains des universités marocaines, qui doivent adapter les emplois du temps pour soutenir les étudiants-athlètes.

- Lors des précédents Jeux olympiques, plusieurs athlètes marocains ont éprouvé des difficultés sur le plan mental. Comment les aidez-vous à gérer la pression inhérente aux JO ?

- Nous avons effectivement observé à plusieurs reprises que la pression des Jeux olympiques peut entraver les performances des athlètes marocains. C'est pourquoi, depuis 2019, nous avons organisé des formations pour les directeurs techniques nationaux (DTN) et les entraîneurs afin de renforcer le soutien psychologique aux sportifs.

Certains entraîneurs et DTN ont accueilli favorablement cette initiative, tandis que d'autres restent sceptiques. Ces derniers tentent parfois de cumuler plusieurs rôles, comme celui d'entraîneur, de préparateur physique et même de soigneur, ce qui est une erreur.

- Quelle stratégie avez-vous mise en place pour remédier à cette problématique ?

- Nous avons opté pour la mise à disposition de préparateurs mentaux pour les soixante sportifs faisant partie du programme olympique. Tous ont accepté cette proposition, exprimant un réel intérêt pour un accompagnement mental.

Nous avons laissé le choix aux sportifs de sélectionner leur propre préparateur mental, dont le CNOM a évalué préalablement le parcours, les formations et les compétences. Alternativement, le CNOM a également proposé un préparateur mental répondant à tous les critères requis et supervisé par le Comité olympique. Tous les athlètes ont choisi de travailler avec le préparateur mental du CNOM.

Nous avons donc organisé des rencontres entre les préparateurs mentaux et les sportifs. En cas d'indisponibilité des sportifs, des séances par visioconférence ont été programmées. Cependant, seulement 15% des soixante sportifs ayant manifesté un intérêt ont été réguliers et sérieux dans ce suivi mental.

- Comment expliquez-vous ce changement d'attitude ?

- Nous avons observé que les sportifs marocains, vivant au Maroc, sont moins enclins et parfois réticents à recevoir un accompagnement mental. En revanche, ceux qui évoluent à l'étranger semblent plus ouverts à cette idée. Cela relève de l'environnement et de l'éducation.

Pour beaucoup de nos sportifs marocains, le recours à des séances de préparation mentale est perçu comme une marque de faiblesse, ce qui explique leur réticence. Ils craignent également que le préparateur mental empiète sur leur vie privée, une crainte souvent infondée. Nous tentons de les rassurer en leur expliquant que ces séances sont strictement confidentielles et constituent un pilier de la performance.

- Enfin, la piste d'athlétisme des Jeux olympiques sera d'une couleur violette. Craignez-vous que cela perturbe les athlètes en termes de repères ?

- Il est difficile de répondre précisément à cette question. Toutefois, il est important de noter que la plupart des athlètes ont déjà eu l'occasion de courir sur des pistes de différentes couleurs, y compris des pistes bleues. Quant à la piste des JO de Paris, elle a été conçue avec un matériau qui offre une meilleure protection pour les genoux et les chevilles des athlètes.

 

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