Constitution d’un pavillon national : BCG chargé de l’étude, les résultats pour bientôt

À la demande de Mohammed Abdeljalil, ministre du Transport et de la logistique, l’Association marocaine des exportations a reçu le 29 mai dernier les experts du cabinet Boston Consulting Group (BCG), chargé de la réalisation d’une étude pour la constitution d’une flotte nationale de la marine marchande. Quel est l’objectif de cette étude ?

Constitution d’un pavillon national : BCG chargé de l’étude, les résultats pour bientôt

Le 9 juin 2024 à 11h28

Modifié 10 juin 2024 à 6h47

À la demande de Mohammed Abdeljalil, ministre du Transport et de la logistique, l’Association marocaine des exportations a reçu le 29 mai dernier les experts du cabinet Boston Consulting Group (BCG), chargé de la réalisation d’une étude pour la constitution d’une flotte nationale de la marine marchande. Quel est l’objectif de cette étude ?

Cette étude s’inscrit dans le cadre des instructions royales à l’occasion de la Marche verte, nous confie Abdelaziz Mantrach, vice-président de l’Association marocaine des exportations (ASMEX) et président du pôle logistique, joint par Médias24.

Dans ce discours, le Souverain avait insisté sur la nécessité de "mener une réflexion pour avoir un pavillon national fort et compétitif", explique notre interlocuteur.

En effet, dans son discours du 6 novembre 2023, le Roi Mohammed VI avait annoncé la mise à niveau nationale du littoral. Le Souverain souhaite que la façade atlantique devienne "un haut lieu de communion humaine, un pôle d’intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international", pour répondre à trois enjeux :

- réaliser l’ambition atlantique et contribuer aux objectifs de développement prioritaires du Maroc ;

- maîtriser le plein potentiel du secteur maritime et relancer l’activité de transport maritime au Maroc ;

- doter le Maroc d’un instrument de souveraineté nationale.

L'étude commanditée par le ministère du Transport et de logistique et confié à BCG a donc pour objectifs, comme l'explique l’ASMEX  dans sa communication de renforcer le secteur maritime, pilier essentiel de l’économie et du commerce extérieur ; doter le Maroc d’une souveraineté maritime, alimentaire et en matière de commerce extérieur ; capitaliser sur les infrastructures portuaires existantes ou en chantier, notamment le port de Tanger Med, le port Nador West Med et le port de Dakhla Atlantique ; et développer les relations entre le Maroc et les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, sans oublier l’Europe du Sud et la Méditerranée de l’Est.

Une réflexion collective

Selon notre interlocuteur, l’étude a déjà commencé. "Elle est en cours de réalisation. C’est une étude menée dans l’objectif de collecter les informations de tous les partenaires. Ce sera une réflexion collective. C’est-à-dire que tous les partenaires de l’écosystème, de près ou de loin, seront reçus et écoutés. Je pense que leur avis sera pris en considération". L'Asmex est donc consultée dans cette dynamique.

La présente étude "sert notamment à se pencher sur la manière dont nous pourrions avoir un pavillon marocain et récupérer ainsi la souveraineté marocaine sur ces questions logistiques de transport maritime, mais aussi à identifier comment, entre autres, servir la côte ouest-africaine et les pays du Sahel pour que nous puissions établir une coopération Sud-Sud, comme à l’habitude, selon la stratégie de notre Roi", a souligné Abdelaziz Mantrach.

Et à notre interlocuteur d'ajouter, "nous avons vécu une expérience florissante au Maroc dans les années 1970, 1980 et 1990, puis nous avons eu beaucoup d’armements qui ont disparu. La flotte marocaine a donc beaucoup diminué. À présent, il faut la ressusciter, la ressaisir et rétablir sa souveraineté sur les transports stratégiques."

"Il faut que ce soit réellement le pavillon marocain qui puisse faire des transports stratégiques maritimes, notamment le transport entre ports marocains, que l’on appelle cabotage".

La majorité des lignes actuelles sont opérées par des compagnies étrangères et ne s’arrêtent au Maroc que lorsqu’elles ont un intérêt commercial. Le besoin d’un pavillon qui siège au Maroc avec des lignes directes sur des marchés stratégiques est donc crucial.

Dans ce sens, l’ASMEX a suggéré lors de la réunion du 29 mai dernier de réserver le transport des produits stratégiques au pavillon marocain pour récupérer sa souveraineté logistique, faisant par ailleurs savoir que les principaux problèmes rencontrés par les exportateurs marocains, en l’absence d’un pavillon national, sont les suivants :

- le coût du fret élevé en raison du monopole des armateurs étrangers ;

- le fait que la majorité des lignes opèrent par des transbordements dans les ports européens augmente le transit-time ;

- l’absence d’une régularité des fréquences des lignes, notamment à destination de l’Afrique.

Les recommandations de l’ASMEX pour réussir ce chantier

"Nous en avons une panoplie, qui tiennent compte du passé, pour apporter des corrections et éviter de reproduire les mêmes erreurs", explique Abdelaziz Mantrach.

"L’objectif essentiel de ces propositions est que tout ce que l’on doit concevoir comme procédure, comme règlement et comme facilitation, n’aie qu’un seul but : détecter comment rendre le pavillon marocain compétitif par rapport au pavillon étranger".

"Si on arrive à mettre en place toutes les dispositions d’ordre social, de facilitation des procédures, d’accès au financement, de mise en place d’une assurance compétitive et de réparation des chantiers navals, ainsi que des facilitations de mouvements par rapport à la réglementation des changes... je suis persuadé que nous aurons une flotte marchande compétitive et forte, comme l’a souhaité Sa Majesté", conclut notre source.

D’après l’ASMEX, pour réussir à constituer un pavillon national compétitif, il est nécessaire de :

-  mettre en place des garanties de l’Etat pour les investissements dans la flotte maritime, étant donné son caractère capitalistique ;

- remettre en place les primes d’équipement pour encourager les privés à investir dans ce secteur ;

- diversifier et simplifier l’accès à la qualité d’armateur marocain pour attirer des investisseurs nationaux et étrangers, et ainsi constituer une flotte marchande marocaine importante ;

- permettre aux opérateurs économiques d’affréter des navires à temps pour faciliter la création de lignes reliant le Maroc à des marchés étrangers ;

- réserver le cabotage national au pavillon marocain ;

- encourager la formation de courtiers d’affrètement ;

- revoir et assouplir la fiscalité ;

- revoir les conventions sociales ;

- introduire les facilitations de procédures douanières et de la réglementation de change pour toutes les opérations réalisées par les armateurs à l’international ;

- renforcer la direction de la Marine marchande sur le plan financier et humain.

À quand les résultats de cette étude ?

L'étude prévoit quatre étapes essentielles :

- le diagnostic, les benchmarks, les consultations et l’identification des options stratégiques. Une analyse des flux commerciaux actuels avec des projections à l’horizon 2040 est prévue en identifiant les marchés adressables et les marchés cibles ;

- l’analyse et la comparaison ;

- l’élaboration d’un plan de mise en œuvre ;

- l’accompagnement de l’administration à la mise en œuvre

D’après le président du pôle logistique de l’ASMEX, "les résultats pourraient être dévoilés fin juillet prochain. Ce n’est toutefois qu’un avis personnel".

Et à notre source d'ajouter : "Je sais qu’il y a une forte volonté politique de la part de notre Roi d’aller de l’avant, d’abord en ce qui concerne la coopération avec les pays frères du Sahel pour leur faciliter la logistique, qui passe par des plateformes logistiques et des corridors du transport maritime intelligents sous pavillon marocain. C’est un ensemble d’éléments qu'il faut mettre en place".

Une flotte nationale de marine marchande permettra en effet de désenclaver les pays du Sahel et de leur donner une ouverture sur l’Atlantique, ce qui impliquera un développement tant sur le plan socio-économique qu’humain.

"Il y a ainsi une volonté politique. Je suis persuadé que nous allons accélérer au maximum les choses pour que le Maroc soit prêt pour servir justement cette stratégie royale, mais aussi pour permettre aux exportateurs marocains de profiter de l’accord de la Zlecaf [Zone de libre-échange continentale africaine, ndlr] pour que le produit marocain puisse être compétitif vers l’Afrique", poursuit notre source.

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